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Stress post-traumatique chez les patients traités pour un cancer au cours de la pandémie COVID-19 : résultats de l’étude COVIPACT

https://doi.org/10.1016/j.respe.2021.04.070Get rights and content

Introduction

Le confinement et le contexte sanitaire liés au COVID-19 peuvent entrainer une peur, une anxiété ou des troubles psychologiques s’apparentant à un syndrome de stress post traumatique (SSPT). Les patients traités pour un cancer apparaissent d’autant plus à risque de SSPT qu’ils doivent faire face à la fois à leur pathologie grave et à la peur de développer une forme sévère de COVID-19 dans un contexte social peu favorable pour les soutenir. Dans le cadre de l’étude COVIPACT, notre objectif était de décrire au cours du temps la prévalence des symptômes de SSPT chez les patients atteints de cancer, en lien avec des caractéristiques cliniques (date de diagnostic de cancer, traitements, adaptations de prise en charge liées à la pandémie COVID-19) et des mesures d’état de santé auto-déclarées (qualité de vie, insomnie et cognition).

Méthodes

L’étude COVIPACT (NCT04366154) a inclus 734 patients traités pour un cancer solide ou hématologique et reçus en hôpital de jour pendant la première période de confinement dans les deux Centres de lutte contre le cancer de Normandie. Les données cliniques ont été recueillies dans les dossiers médicaux. Des questionnaires validés ont permis de mesurer le stress post-traumatique (défini par un score à l’échelle IES-R ≥ 33), la qualité de vie (FACT-G, échelle 0-108), l’insomnie (ISI, échelle 0-28) et la cognition (FACT-Cog PCI, échelle 0-72) à l’inclusion (pendant le premier confinement, avril/mai 2020), à trois mois (déconfinement, juillet/août 2020) et à six mois (pendant le deuxième confinement, octobre/novembre 2020). Les facteurs associés au SSPT à l’inclusion et à son évolution au cours du temps ont été recherchés par des modèles de régression logistique à effets fixes et mixtes (prenant en compte la corrélation intra-individuelle entre mesures répétées).

Résultats

Les 578 (79 %) patients COVIPACT ayant répondu aux questionnaires à l’inclusion avaient en médiane 64 ans et 72 % étaient des femmes. Près de 95 % des patients présentaient une tumeur solide, dont la localisation primitive était principalement le sein (44 %), les poumons, la tête et le cou (20 %), le système digestif (17 %) et l’appareil génital féminin (11 %) et dont 59 % avaient un cancer métastatique. Un SSPT a été observé chez 21,3 % des patients au premier confinement (n = 120/565), 13,6 % des patients au moment du déconfinement (n = 46/339) et 23,5 % des patients durant le deuxième confinement (n = 76/322 ; p < 0,001 pour effet du temps sur SSPT). Les femmes et les patients dont la prise en charge avait été adaptée face à la pandémie COVID-19 (ex : report/interruption de cures, télé/visio consultations…) présentaient plus fréquemment un SSPT à l’inclusion (OR [IC 95 %] = 2,08 [1,26-3,56] et 1,75 [1,12-2,70], respectivement), mais pas au cours du suivi. Aucune autre variable clinique n’était associée au SSPT ou à son évolution. A tous les temps, les patients exprimant un SSPT avaient aussi plus d’insomnie (ISI médian chez les patients avec versus sans SSPT = 15 versus 7 à l’inclusion, 15 versus 8 à trois mois, 16 versus 8 à six mois), une moindre qualité de vie (FACT-G médian = 61 versus 79, 63 versus 79, 60 versus 80) et une moindre cognition perçue (FACT-Cog PCI = 52 versus 66, 55 versus 63, 47 versus 65 à l’inclusion, trois mois et six mois respectivement).

Conclusion

Pendant les périodes de confinement liées à la COVID-19, un SSPT se manifeste chez plus d’un patient sur cinq en cours de prise en charge d’un cancer, et est fortement relié à la qualité de vie, au sommeil et à la cognition perçus.

Mots clés

COVID-19
Cancer
Stress post-traumatique
Qualité de vie

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