CO010
COVID-19 sévère et maladies auto-immunes ou inflammatoires incidentes : une étude épidémiologique nationale à partir des données du PMSI en 2020

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2022.10.022Get rights and content

Introduction

Début août 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense plus de 580 millions de cas mondiaux cumulés d’infections à SARS-CoV-2 (COVID-19). Plusieurs arguments expérimentaux étayent le lien entre COVID-19 et maladies auto-immunes ou inflammatoires (MAII) : la production excessive de cytokines pro-inflammatoires a été associée aux formes graves de COVID-19 ; la présence d’anticorps sériques neutralisant l’IFN-α, décrite dans certaines MAII comme le lupus, est associée à la sévérité du COVID-19 ; des auto-anticorps spécifiques de certaines MAII sont fréquemment détectés chez les patients atteints de COVID-19 grave. La littérature médicale fait état, sous la forme de séries de cas ou d’observations isolées de MAII apparues au décours d’un COVID-19. Il n’existe pas d’étude épidémiologique comparative de grande ampleur analysant la survenue de cas incidents de MAII après un COVID-19. Nous avons analysé l’incidence de maladies auto-immunes ou inflammatoires après un sepsis lié au COVID-19 en comparaison à des sepsis non liés au COVID-19 chez des patients sans antécédent de MAII en France en 2020.

Patients et méthodes

Nous avons construit une cohorte à partir de la base de données médicales et administratives nationales d’hospitalisations (programme de médicalisation des systèmes d’information, PMSI) entre janvier 2011 et novembre 2020. Chaque patient ayant présenté un premier épisode de sepsis-COVID-19 était apparié de manière aléatoire à 2 patients contrôles ayant présenté un premier épisode de sepsis non-COVID-19 diagnostiqué dans un hôpital français en 2020. Le sepsis était défini par un code diagnostique d’infection et au moins un code se référant à une défaillance d’organe (diagnostic ou acte). Nous avons réalisé un appariement exact en utilisant l’âge ± 2 ans, le genre, l’existence d’un cancer actif, d’une hémopathie maligne, d’une infection VIH ou d’un antécédent de transplantation d’organe. Les patients ayant un antécédent de MAII était exclus de l’analyse.

Résultats

En 2020, nous avons apparié 68 175 patients ayant présenté un sepsis-COVID-19 à 136 350 patients avec un sepsis-non-COVID-19. L’incidence des MAI dans ces 2 populations était importante, atteignant, selon la MAII considérée (thrombopénie immunologique, anémie hémolytique auto-immune, lupus systémique, syndrome de Gougerot-Sjögren, Sclérodermie systémique, polyarthrite rhumatoïde, artérite à cellules géantes, pseudopolyarthrite rhizomélique, ou vascularites associées aux ANCA) 1,3 à 165 fois celle rapportée dans la population générale. L’analyse globale de survie à 9 mois sans MAII ne montrait par de surrisque associé spécifiquement au sepsis-COVID-19 comparativement au sepsis non-COVID-19 à l’exception de la polyarthrite rhumatoïde (HR : 1,76 ; IC95 % [1,28–2,43]) et de la pseudopolyarthrite rhizomélique (HR : 1,64 ; IC95 % [1,23–2,19]). Le sepsis-COVID-19, comparativement au sepsis-non-COVID-19 était associé à un moindre risque de vascularite à ANCA (HR : 0,22 ; IC95 % [0,12–0,42]).

Conclusion

Un premier épisode de sepsis en 2020 était associé à une incidence nettement plus élevée de MAII qu’en population générale avec un surrisque de polyarthrite rhumatoïde et de pseudopolyarthrite rhizomélique spécifiquement associé au sepsis-COVID-19 sepsis.

Cited by (0)

View Abstract