COVID-50
Les caractéristiques des patients atteints d’infection à SARS-CoV-2 influencent-elles leur délai d’admission en hospitalisation ?

https://doi.org/10.1016/j.medmal.2020.06.165Get rights and content

Introduction

L’infection à SARS-CoV-2 est à l’origine de syndromes respiratoires aigus sévères pouvant nécessiter un recours aux soins intensifs. Un des enjeux de la pandémie survenue début 2020 est de déterminer les facteurs associés à l’aggravation clinique. Le lien éventuel entre le délai d’accès aux soins et la survenue de formes sévères est mal connu. L’objectif de ce travail est de décrire les caractéristiques des patients hospitalisés pour infection à SARS-CoV-2 selon le délai entre le début des symptômes et l’admission en hospitalisation, afin de déterminer les caractéristiques associées à un délai court (< 48 h) ou long (> 10 jours).

Matériels et méthodes

Ce travail repose sur les données de l’étude observationnelle, prospective, multicentrique NOSO-COR dont les objectifs étaient de décrire les cas d’infection par SARS-CoV-2 hospitalisés. L’analyse a été effectuée sur les données des cas communautaires d’infection à SARS-CoV-2 inclus au sein d’un CHU français du 08/02 au 17/05/2020. Les caractéristiques démographiques, les comorbidités sous-jacentes, les paramètres cliniques et biologiques ont été collectés. Le patient a été suivi jusqu’à la sortie de l’hôpital. Les comparaisons entre les groupes ont été effectuées en utilisant le test de Mann–Whitney (variables quantitatives) et le test du Chi2 (variables qualitatives). Les différentes caractéristiques associées au délai entre début des symptômes et admission en hospitalisation ont été évaluées à l’aide de régression logistique ajustée sur l’âge, le sexe, les comorbidités et les principaux symptômes.

Résultats

Huit cent vingt-deux patients ont été inclus dans l’analyse. L’âge médian était de 73 ans (IQR : 61–84), 453 (55,1 %) étaient des hommes. Comparés aux patients présentant un délai court entre le début des symptômes et l’hospitalisation, les patients présentant un délai long étaient plus jeunes (médiane 68 vs 82 ans, p < 0,001), avaient moins fréquemment de comorbidités cardiovasculaires (38,1 % vs 59,7 %, p < 0,001), neurologiques (9,9 % vs 34,7 %, p < 0,001) et présentaient plus fréquemment une hospitalisation directe en soins intensifs (24,3 % vs 5,6 %, p < 0,001). Ils présentaient plus fréquemment une toux (73,3 % vs 47,9 %, p < 0,001), des diarrhées (30,0 % vs 12,5 % p < 0,001), des difficultés à respirer (64,4 % vs 48,6 %, p = 0,004), une fatigue (71,7 % vs 57,6 %, p = 0,009), une anosmie (8,9 % vs 0,7 %, p < 0,001), une agueusie (11,7 % vs 1,4 %, p < 0,001), et un taux plasmatique de CRP plus élevé (médiane 107,0 mg/L vs 49,2, p < 0,001). Après analyse multivariée, les variables associées à un délai court entre début des symptômes et hospitalisation étaient l’âge > 75 ans (p < 0,001), les comorbidités cardiovasculaires (p = 0,043) et neurologiques (p = 0,009). Les variables associées à un délai long étaient la présence d’une toux (p = 0,019), le taux plasmatique de CRP > 100 mg/L (p = 0,003), l’anosmie (p = 0,008) et l’agueusie (p = 0,018).

Conclusion

Le délai entre début des symptômes et hospitalisation semble être allongé chez les patients < 75 ans et ne présentant pas de comorbidités ; cette population est surreprésentée chez les patients bénéficiant d’une hospitalisation d’emblée en soins intensifs. La détection des signes de gravité et l’accès précoce à l’hospitalisation pourrait être un moyen de limiter la survenue de formes cliniques sévères.

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