P73
L'impact de la pandémie Covid-19 sur les patients ayant le trouble bipolaire : Spécificité féminine

https://doi.org/10.1016/j.respe.2022.03.075Get rights and content

Introduction

L'environnement est un facteur déterminant l'apparition et l’évolution du trouble bipolaire (1). Les patients bipolaires rechutent plus souvent lorsqu'ils sont soumis à des situations stressantes, même lorsqu'ils ont une bonne observance de leur traitement (2). L'objectif de notre étude était de déterminer les groupes à risque élevé de rechute chez les patients bipolaires pendant la pandémie à COVID19 à Agadir.

Methodes

Il s'agissait d'une étude prospective à visée analytique, menée au service de psychiatrie du CHU-Souss-Massa sur une période allant du 1èr avril 2020 au 30 juin 2021, portant sur tous les patients bipolaires adultes hospitalisés ou en vue en consultation durant la période de l’étude.La collecte des données s‘est déroulée en trois temps : T1 du 01 Avril au 30 Juin 2020, T2 du 01 Juillet au 31 Janvier et T3 du 01 Février au 30 Juin 2021. Une fiche d'exploitation établie informait les données sociodémographiques et cliniques des patients ainsi que des échelles d’évaluation psychologique : Le Score M.I.N.I (Mini International Neuropsychiatric Interview). Le YMRS (Young Mania Rating Scale). Le questionnaire d'Hypomanie de ANGST. L'inventaire de Beck pour la dépression. L’échelle Révisée d'Impact de l’événement (IES-R).L'analyse statistique a été réalisée à l'aide du logiciel Jamovi. Le niveau de signification a été fixé à p <0,05.

Resultats

Nous avions recruté 56 patients, presque les deux tiers étaient de sexe féminin 60.71% (34). L’âge moyen de nos patientes était de 38,8 ans avec des extrêmes allant de 18 à 69ans. Dans l'ensemble des patientes étudiées, 44.1% étaient célibataires.Plus de la moitié des patientes (58.8%) a un niveau secondaire ou universitaire.Chez 14.7% des patientes, avait un niveau socio-économique bas. La présentation clinique au trois temps de l’étude était comme suit : En T1, 50% des patientes étaient euthymiques, 14.70% étaient déprimes, 2.50% étaient maniaques et 8.80% étaient en hypomanie. En T2, 61.80% étaient euthymiques, 5.90 % étaient déprimes, 29.40% étaient maniaques et 2.90% étaient en hypomanie. En T3, 88.20 étaient euthymiques, 2.90% étaient déprimes, 5.90% étaient maniaques et 2.90% étaient en hypomanie. La majorité (15) de nos patientes étaient célibataires (44.1%) ,41.2% étaient mariés. Il n'existe pas de relation entre la rechute des patientes et leur statut marital.La majorité de nos patientes vivaient avec leurs familles (91.2%). La rechute était statistiquement différente par rapport aux patientes qui vivaient seules (P=0.021). Plus de la moitié de nos patientes (60%) avaient perdu leur emploi durant le confinement, la relation était statistiquement significative (p=0.021). Parmi les patientes, 5.9% consommaient des substances. La relation est statistiquement non significative. La récidive était significativement plus élevée en l'absence d'un espace extérieur dans le lieu de vie (terrasse, jardin ou balcon) (p=0.034). La mise en quarantaine ainsi que la présence d'un cas atteint de covid 19 ou pas n'influençaient pas la stabilité de nos patientes.

Conclusion

Les professionnels de la santé mentale doivent porter une attention particulière à ce profil de patientes qui vivent avec leur famille, dans un logement où n'existe pas d'espace extérieur et ayant potentiellement perdu leur emploi. Les facteurs de rechute des patientes bipolaires étaient principalement sociaux, d'où l'importance d'une approche communautaire qui viseraient à améliorer les conditions de ses patientes.

Mots clés Trouble bipolaire ; vulnérabilité ; Covid-19

Déclaration de liens d'intérêts Les auteurs n'ont pas précisé leurs éventuels liens d'intérêts

Cited by (0)

View Abstract