PE.Ma-057
Impact sur l’activité de la polyarthrite rhumatoïde du changement de voie d’administration du tocilizumab et de l’abatacept lors du confinement lié à la pandémie de Covid-19

https://doi.org/10.1016/j.rhum.2021.10.367Get rights and content

Introduction

Parmi les traitements de la polyarthrite rhumatoïde (PR), le tocilizumab (TCZ) et l’abatacept (ABA) peuvent être administrés par voie intraveineuse (IV) ou par voie sous-cutanée (SC). Le passage de la voie IV à la voie SC a été proposé à tous les patients de notre centre au 1er confinement dû à la pandémie de COVID19 en France. Nous avons évalué l’impact du changement de voie d’administration du TCZ et de l’ABA sur l’activité de la PR et les facteurs associés au retour à la voie IV.

Matériels et méthodes

Étude prospective, observationnelle, monocentrique. Critères d’inclusion : adulte ≥ 18 ans, PR (critères ACR/EULAR 2010) traitée par TCZ ou ABA à dose stable ≥ 3 mois, ayant changé de voie d’administration (IV à SC) entre le 16/03 et le 17/04/2020. Collecte de données initiales (M0) puis à 6 mois (M6) : démographiques, caractéristiques de la PR, traitements en cours, activité de la PR (DAS28), et auto-questionnaires évaluant les poussées récentes, la qualité de vie, l’activité physique, l’anxiété et la dépression (FLARE, RAID, Ricci &Gagnon, HAD-A et HAD-D). Le critère de jugement principal était la proportion de patients avec une variation du DAS28 (ΔDAS28) > 1,2. Les critères de jugement secondaires étaient la proportion de patients demandant un retour à l’IV et les facteurs associés. Analyses statistiques : tests du Chi2 pour les variables quantitatives et de Mann-Whitney pour les variables qualitatives. Analyse des facteurs indépendants associés par des analyses uni et multivariées avec régression logistique.

Résultats

Parmi les 78 patients à qui le changement de voie d’administration a été proposé, 13 ont décliné. Parmi les 67 patients inclus (47 TCZ et 20 ABA), 57 ont eu une visite de suivi à 6 mois (10 perdus de vue) avec un DAS28 disponible pour 51 d’entre eux. Les principales caractéristiques à l’inclusion étaient : femmes 81 %, âge moyen 63 ans, durée moyenne de la maladie 16 ans, ACPA positifs 75,4 %, DAS28 moyen 2,01 ± 0,98, traitement par TCZ ou ABA par voie SC par le passé 17 %. À 6 mois, le ΔDAS28 était de 0,16 ± 0,15 ; 10/51 patients (19,6 %) avaient un ΔDAS28 > 1,2 (ABA : 5/18 [27,8 %] et TCZ : 5/33 [15,2 %], p = 0,296) et 19/51 patients (37,3 %) avaient un ΔDAS28 > 0,6 (ABA : 11/18 [61,1 %] et TCZ : 8/33 [24,2 %], p = 0,015). À 6 mois, 41/53 patients (77,4 %) ont demandé un retour à l’IV (26 TCZ, 15 ABA). La proportion de patients avec un ΔDAS28 > 1,2 et > 0,6 dans le groupe retour à l’IV versus maintien de la voie SC était respectivement de 22,5 % et 42,5 % versus 11,1 % et 22,2 % (p = 0,4). Le seul facteur associé à un retour à l’IV était la dépression (HAD-D 7 ± 5 vs 2,8 ± 2,8, p = 0,009). L’anxiété est également plus fréquente (HAD-A 10,1 ± 6,0 vs 6,5 ± 6,1, p = 0,068), dans le groupe retour IV que dans le groupe maintien SC.

Conclusion

Le passage à la forme SC du traitement de PR habituellement traitées en hôpital de jour par voie IV par TCZ ou ABA, dans le contexte du 1er confinement lié à la COVID-19, a entraîné la perte de vue de 15 % des patients. Moins de 20 % des patients ont présenté une aggravation significative de l’activité de la PR 6 mois après le changement de voie d’administration, tandis que la majorité (77,4 %) a demandé un retour à la voie IV. Cet effet nocebo était associé à des scores de dépression plus élevés.

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Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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