COVID-06
COVID-19 ou non COVID-19 ? Comparaison des caractéristiques des patients hospitalisés pour une suspicion de COVID-19

https://doi.org/10.1016/j.medmal.2020.06.121Get rights and content

Introduction

La propagation du Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus-2 (SARS-CoV-2) responsable de la Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) a provoqué une crise sanitaire majeure. Si les signes cliniques, biologiques et scanographiques du COVID-19 ont été largement rapportés, on manque d’informations sur les patients ayant une suspicion de COVID-19 qui s’est révélée négative. L’utilisation de techniques de diagnostic avec un résultat rapide permet une orientation de plus en plus précoce, mais leur non-disponibilité et/ou les potentiels faux négatifs rendent nécessaires une meilleure distinction des patients avec une suspicion de COVID-19 non confirmée (SCNC) de ceux atteints de COVID-19. L’objectif de cette étude est de décrire et de comparer ces deux populations. Ceci doit permettre d’optimiser l’orientation et la gestion des patients suspects de COVID-19 requérant une hospitalisation pour limiter le risque de perte de chances.

Matériels et méthodes

Une partie des patients avec indication d’hospitalisation pour suspicion de COVID-19 a été incluse rétrospectivement, du 23 février au 28 avril 2020. Le statut de SCNC était retenu lorsque la RT-PCR COVID-19 était négative et que le diagnostic final retenu était autre. Les données cliniques, biologiques et scanographiques, ainsi que les diagnostics finaux ont été recueillis. Ces données ont été comparées à celles des patients COVID-19 hospitalisés sur la même période.

Résultats

Parmi les 152 patients SCNC hospitalisés inclus, la moitié avait plus de 70 ans. Les comorbidités principales étaient l’hypertension artérielle (n = 63 ; 41,5 %), les maladies pulmonaires chroniques (n = 32 ; 21,1 %) et les cardiopathies ischémiques (n = 21 ; 13,8 %). Parmi les diagnostics finaux, 65 avaient une maladie infectieuse (42,7 %) : 38 infections respiratoires (25 %), 12 bactériémies (7,9 %) et 7 infections urinaires (4,6 %). Treize avaient une décompensation cardiaque (8,6 %). Ils avaient eu en moyenne 1,3 (0,7) RT-PCR.

Comparés aux 222 patients COVID-19, les patients SCNC étaient plus souvent fumeurs (n = 28 [27,2 %] vs n = 8 [4,4 %], p < 0,001). Ils présentaient cliniquement moins de fièvre (n = 78 [51,3 %] vs n = 169 [76,1 %], p < 0,001), moins de toux (n = 76 [50,7 %] vs n = 146 [63,8 %], p < 0,003) et moins de signes digestifs (n = 18 [11,8 %] vs n = 66 [29,7 %], p < 0,001). Les taux de fibrinogène (g/L) et de CRP (mg/L) étaient significativement plus bas chez les SCNC avec des médianes respectives à 5,3 (4–6,5) vs 6,0 (5,3–6,8), p < 0,001, et 57,3 (13–126) vs 83,7 (37,7–127), p = 0,008. Leur taux médian de lymphocytes (G/L) était plus haut : 1,1 (0,7–1,7) vs 0,9 (0,6–1,4), p = 0,03.

Conclusion

Il s’agit, à notre connaissance, de la première étude observationnelle comparative des patients avec indication d’hospitalisation pour suspicion de COVID-19. L’absence de symptomatologie respiratoire, de fièvre et de signes digestifs doit faire rechercher un diagnostic différentiel. Les signes respiratoires « isolés » associés au tabagisme chronique pourraient expliquer la surreprésentation des fumeurs chez des sujets fragiles faisant redouter par excès une COVID-19, plus qu’un rôle protecteur intrinsèque. La perte de chance engendrée par la suspicion de COVID-19 doit être explorée plus largement.

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