CO077
Conséquences neuromusculaires à long terme de la COVID-19 : analogies avec l’encéphalomyélite myalgique/syndrome de fatigue chronique

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2022.03.308Get rights and content

Introduction

De nombreux patients infectés par SARS-CoV-2 présentent dans les mois qui suivent l’infection des symptômes non spécifiques de type fatigue non résolutive, myalgies, céphalées, troubles cognitifs, faiblesse musculaire…[1]. On appelle la persistance de ces symptômes « syndrome post-COVID » ou « COVID long ». Une métanalyse de Wong et Weitzer [2] portant sur des patients souffrant de syndrome post-COVID suggère des analogies cliniques avec l’encéphalomyélite myalgique/syndrome de fatigue chronique (EM/SFC), qui fait suite dans plus de 50 % des cas à une infection bactérienne ou virale. Une majorité de patients souffrant de EM/SFC présentent des désordres neuromusculaires caractérisés par une altération des myopotentiels (onde M) déclenchée par l’exercice et persistant en récupération.

L’objectif de ce travail était de comparer l’existence d’altérations des ondes M chez des patients souffrants de syndrome post-COVID et d’EM/SFC post infectieuse datant de moins de 2 ans.

Patients et méthodes

Cette étude rétrospective a inclu 55 patients souffrant de syndrome post-COVID ainsi que 62 patients souffrant de EM/SFC (explorés sur la même période et relatant un ou plusieurs épisodes d’infection sévère ayant précédé dans les 2 ans la survenue de la fatigue chronique). Le protocole d’exploration de la fatigue chronique consistait en un interrogatoire sur la symptomatologie neuromusculaire associée et un test d’effort sur ergocycle atteignant au moins 80 % de la puissance maximale théorique. Avant, pendant et après l’exercice un électromyogramme de surface du muscle Rectus femoris avec mesure de l’onde M déclenchée par neurostimulation directe de ce muscle (mesure d’amplitude et de durée) a été réalisé.

Résultats

La moyenne d’âge était respectivement de 46 ans (±2) pour le groupe post-COVID et 44 ans (± 3) pour le groupe EM/SFC, avec une nette prédominance féminine (71 % pour le groupe EM/SFC et 74 % pour le groupe post-COVID). La fréquence des symptômes neuromusculaires (myalgies, dégradation du sommeil, troubles cognitifs, et malaise post-exercice) était identique dans les deux groupes post-COVID et EM/SFC (respectivement : 78 % versus 84 %, 82 % versus 76 %, 82 % versus 86 %, 73 % versus 73 %). La fréquence des altérations des ondes M était similaire dans les groupes post-covid et EM/SFC (respectivement 48 % et 41 %). Le pourcentage de réduction d’amplitude et d’allongement de durée étaient identiques dans les 2 groupes (respectivement −43 ± 4 % et + 16 ±4 %).

Conclusion

Cette étude suggère que certains patients souffrant de syndrome post-COVID présentent de façon précoce des anomalies neuromusculaires fréquemment retrouvées dans l’EM/SFC. Des études longitudinales pourront permettre de déterminer si ces troubles persistent et s’autonomisent dans le temps.

Cited by (0)

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