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Dossier

Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire du coronavirus : Mahahual (Mexique), un village fantôme de la côte caribéenne

Economic and Social Consequences of the Coronavirus Health Crisis: Mahahual, a Ghost Town on the Caribeen Coast
Las consecuencias económicas y sociales de la crisis sanitaira del coronavirus: Mahahual, un pueblo fantasma de la costa caribeña
Clara Malbos
Traduction(s) :
Las consecuencias económicas y sociales de la crisis sanitaria del coronavirus: Mahahual, el pueblo fantasma de la costa caribeña [es]

Résumés

La station balnéaire de Mahahual, située dans le sud de la péninsule du Yucatan au Mexique, a été touchée de plein fouet par les conséquences économiques et sociales du coronavirus. Cette crise sanitaire a des répercussions sans précédent sur l’économie du secteur tertiaire ; ce village de la côte caribéenne fonctionne en majorité grâce au tourisme et en particulier au tourisme de croisière. Le 14 mars 2020, le port Costa Maya annonce que plus un seul paquebot n’amarrera ; deux semaines après la transmission de ce communiqué, la mairie procède à la fermeture temporaire de l’entrée du village afin qu’aucun touriste ni aucune personne étrangère à la communauté ne puisse s’y rendre.
Des stratégies d’adaptation sont alors mises en place par les travailleurs du secteur tertiaire et par les propriétaires d’établissements touristiques ; cette situation inédite de « non-tourisme » crée de nouveaux espaces d’échange et de solidarité – au sein de la communauté – que nous rapporterons dans cet article.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 «Costa Maya, Quintana Roo, Mexique, le samedi 14 mars 2020.-
    Nous avons reçu une notification offici (...)

« Costa Maya, Quintana Roo, Mexico, a sabado 14 de marzo 2020.-
Hemos recibido notificacion official de las principales navieras internacionales sobre su decisio de suspender la navegacion de sus barcos durante por los sigientes 30 dias (…). Esta medida preventiva ha sido tomada para salvaguardar la integridad de los viajeros, los colaboradore y las communidades locales de cada destino »
1.

1Cet extrait d’un communiqué du port Costa Maya a des conséquences sans précédent pour les habitants de cette destination des bateaux de croisière, car le village de Mahahual – situé dans le sud de la péninsule du Yucatan au Mexique, dans l’État du Quintana Roo (cf. figure 1) – est, depuis une vingtaine d’années, une destination phare de ce tourisme de masse : en saison haute (de novembre à mai) le port accueille jusqu’à 4 bateaux de croisière par jour (plus de 20 000 passagers).

Figure 1. Localisation géographique de Mahahual (Mexique)

Figure 1. Localisation géographique de Mahahual (Mexique)

Source : Maria Luisa Hernandez Aguilar (2014)

2Avec la décision d’arrêt des navigations, le village est donc, du jour au lendemain, vidé de ses touristes (voir la photographie 2 illustrant respectivement un club de plage avant et pendant la crise sanitaire du COVID-19). C’est pourquoi la crise sanitaire du coronavirus a des conséquences directes sur son économie : comme la grande majorité des habitants travaillent directement ou indirectement pour le port, à l’arrêt des bateaux de croisière, c’est une grande partie de l’économie du village qui est mise sur pause, suspendant également les salaires des travailleurs. De plus, le tourisme de séjour est également arrêté : étrangers et Mexicains ne se rendent plus à Mahahual.

  • 2 Ce résultat a été obtenu grâce à un questionnaire qui a été réalisé en mars 2018 auprès de 58 visit (...)

3Cet article propose alors d’établir une ethnographie de ce village de 3 000 habitants dont plus de 60% de l’économie du secteur tertiaire dépend des bateaux de croisière2 (Malbos, 2018) – l’observation des conséquences économiques et sociales de ce virus à une échelle macro permettant ainsi l’obtention de résultats pertinents de l’impact de ce virus sur le tourisme.

4Les trois enquêtes de terrain effectuées entre janvier 2018 et mai 2020 m’ont permis d’effectuer un total de 74 entretiens semi-directifs et de 93 questionnaires à Mahahual donnant ainsi une vision d’ensemble du tourisme dans les Caraïbes : 

  • Entre janvier et juin 2018, j’ai conduit 11 entretiens avec des pêcheurs et 28 avec des propriétaires d’infrastructures touristiques. De plus, j’ai mené 54 questionnaires avec des touristes. 

  • Entre janvier et juin 2019, je me suis entretenue avec 20 habitants du quartier de la 55 et j’ai effectué 39 questionnaires avec des vendeurs d’artisanat. 

  • Pour finir, entre décembre 2019 et mars 2020 j’ai mené 15 entretiens avec des travailleurs du secteur tertiaire de la zone. 

5Les entretiens duraient entre 30 minutes et 1 heure 30 et les questionnaires entre 3 et 10 minutes. Ces entretiens et questionnaire s’inscrivent dans la méthodologie classique de l’anthropologie : pour comprendre le fonctionnement social précis d’un lieu, les entretiens tout comme l’observation participante, sont utilisés comme outils fondamentaux.

6L’objectif est de mettre en lumière des éléments qui permettent d’envisager un contexte de « non-tourisme ». Il est en effet intéressant de se pencher sur les effets du tourisme de croisière sur un village récepteur – de bateaux de croisière – ; mais que se passe-t-il quand ce tourisme s’arrête soudainement ?

7Notre hypothèse est la suivante : les stratégies d’adaptation des habitants ne sont pas les mêmes : les travailleurs du secteur tertiaire tentent de survivre tandis que les propriétaires de ces mêmes entreprises mettent en place des systèmes d’échange qui leur permettent de rester visibles – auprès de leurs futurs clients – sur les plateformes virtuelles. En revanche, tous sont dans l’attente de la reprise d’activité de ces villes flottantes.

8Cet article débute par une mise en contexte pour comprendre les conséquences du « non-tourisme » sur la vie des habitants. Il est important, dans un premier temps, d’établir le cadre de base de notre terrain de recherche. Les bateaux de croisière constituent, en temps normal, l’élément moteur de l’économie du village. On verra alors comment ils renforcent les inégalités sociales à Mahahual et créent une dépendance économique chez les travailleurs du secteur tertiaire.

9Dans un deuxième temps, on analysera les conséquences de la crise sanitaire à Mahahual. La mise en place d’une nouvelle économie marchande mène les habitants à des stratégies d’adaptation dans un but de survis économique. L’exemple de l’ouragan Dean en 2007 servira de modèle pour observer les nouveaux modes de développement possible en réponse à une crise. De plus on verra comment les limites entre les frontières ne sont pas systématiquement évidentes quand le commerce sous terrain occupe une place importante dans l’économie du secteur tertiaire.

10Pour finir, on analysera le système du don comme étant la dernière alternative à la sauvegarde du tourisme. On prendra pour exemple les dons de nourriture distribués par des propriétaires d’organismes touristiques : ils sont le reflet d’une solidarité plus que nécessaire, mais également la solution ultime pour continuer de faire valoir leurs entreprises.

1. Mise en contexte : Mahahual, un village entre le mythe et la réalité d’un tourisme de masse

11Il est important de situer cette recherche dans son contexte social et économique originel ; pour cela, il convient de commencer par dresser un portrait sociogéographique de la zone avant de présenter le tourisme à Mahahual.

12Ces différents éléments nous permettront de comprendre en quoi le tourisme de croisière est l’économie motrice de cette station balnéaire et pourquoi son arrêt vient bouleverser la vie de ses habitants.

1.1. Portrait sociogéographique : un village aux disparités sociospatiales importantes

13Pour comprendre la répartition spatiale des différents quartiers du village, il faut d’abord connaître son histoire. Les entrevues effectuées avec les familles pionnières de Mahahual en 2018 – lors d’une précédente recherche – permettent de situer Mahahual à 100 ans d’existence (Malbos, 2018). À cette époque, la seule zone occupée était celle du centre (voir « plan de Mahahual », figure 2) avec l’actuel malecon où l’on trouve aujourd’hui les nombreux bars, restaurants, hôtels et centres de plongée. Il n’y avait pas d’accès à l’électricité ni à l’eau courante et le seul commerce était celui du poisson. À la fin des années 1990, la construction du port Costa Maya est entreprise et on voit naître le quartier de Casitas – qui a été créé en premier lieu pour loger les travailleurs du port. Sa localisation est proche de la mer et surtout à côté du port (voir figure 2). Sa création a transformé l’économie du village ; à partir de cette période, un grand nombre de Mexicains – venus d’autres régions – arrive ici pour travailler (Malbos, 2018). Cette classe populaire doit également se loger et c’est ainsi qu’apparaît le quartier de la 55 (voir figure 2 et photographie 1) – qui doit son nom à son emplacement géographique – au kilomètre 55 de la route qui mène de Mahahual à l’axe principal Cancún/Chetumal.

14La différence de l’état des habitations et des routes entre le quartier de Casitas et celui de la 55 témoigne des inégalités sociospatiales du village : dans la 55 les maisons sont – pour la plupart – faites de bois et de taule, le ramassage des poubelles est occasionnel et l’accès à l’électricité est partiel (voir photographie 1). Les familles qui vivent dans ce quartier sont majoritairement les employées du secteur tertiaire : chauffeurs de taxi, serveurs, masseurs, ou cuisiniers. Leur emploi est précaire et leur réussite dépend essentiellement des bateaux de croisière. Dans Casitas en revanche, les maisons – qui sont presque toutes identiques – sont faites en béton et certaines d’entre elles bénéficient d’internet, de la climatisation et même de l’eau chaude. Les routes sont goudronnées et le port Costa Maya vient y récolter les ordures deux fois par semaine. Les personnes qui y vivent sont les propriétaires des infrastructures touristiques, les professionnels de la plongée sous-marine ou encore les étrangers qui viennent à Mahahual pour quelques mois (Malbos, 2018).

1.2. Les bateaux de croisière : consommateurs de la culture caribéenne

15Mahahual repose en grande partie sur le tourisme de masse (des bateaux de croisière) qui se manifeste par la consommation d’activités touristiques qui répondent à la demande des touristes et à leur rêve caribéen. De plus, la majorité des touristes sont étrangers. Un questionnaire réalisé en 2018 auprès de 54 répondants a montré que 71% des touristes présents venaient d’autres pays, contre 29% provenant du Mexique (Malbos, 2018).

16Pour cette station balnéaire de la côte caribéenne mexicaine, le tourisme de bateaux de croisière est au centre de son activité économique (Malbos, 2019). Construit dans les années 2000, le port Costa Maya a permis à ce village de se développer d’une tout autre manière. En effet, il y a plus de 100 ans, les premiers habitants qui s’installèrent à Mahahual étaient uniquement des pêcheurs. Les infrastructures touristiques ont commencé à apparaître en nombre significatif à partir de la construction du port. Aujourd’hui, le bord de mer qu’on appelle le malecon compte à lui seul plus d’une vingtaine de restaurants, une dizaine de centres de plongée et plusieurs hôtels (Malbos, 2018). Les touristes amarrent alors à Mahahual pour goûter aux spécialités locales : langoustes et Margarita. Tout est fait dans ce village pour faire vivre l’expérience caribéenne attendue par les croisiéristes : nourriture fraîchement pêchée, baignade dans une eau turquoise, coco coupée à la machette, apnée avec les tortues.

17Pour se rendre du port de croisière jusqu’au bord de mer, les touristes prennent un taxi qui les mène directement jusqu’à la plage. Le plan (cf. figure 2) montre alors le chemin classique parcouru. L’observation de ce trajet permet de comprendre pourquoi les autorités et entreprises locales négligent le quartier de la 55 : les croisiéristes ne passent pas devant cette zone, qui est donc reculée et laissée à l’abandon.

Figure 2. Plan de Mahahual avec les différents quartiers et le trajet des croisiéristes du port Costa Maya jusqu’au bord de mer

Figure 2. Plan de Mahahual avec les différents quartiers et le trajet des croisiéristes du port Costa Maya jusqu’au bord de mer

Source : issu de Google map et modifié par la suite.

Photographie 1. Vue d’une rue du quartier de la 55 à Mahahual

Photographie 1. Vue d’une rue du quartier de la 55 à Mahahual

Source : Isabelle Falardeau, mai 2019

18On assiste également à une essentialisation de la culture mexicaine qui se traduit par une quête d’authenticité de la part des croisiéristes : le port Costa Maya a des airs de Disney Land mexicain. (Malbos, 2018). À l’heure où les touristes sortent des paquebots, des Mexicains déguisés en Maya – avec des vêtements faits de pailles et de feuilles de palmier – jouent du tambour en poussant des cris (voir photographie 2). Les croisiéristes peuvent alors apprécier le spectacle une Margarita dans une main, et une maraca dans l’autre. On note que ces différents éléments répondent à l’exotisme imaginé par les touristes : les destinations, choisies au préalable par le touriste lui-même, doivent répondre à certaines attentes. En effet, le touriste s’est créé une image bien précise du lieu qu’il va visiter prochainement : récits de voyage d’amis, guides touristiques, sites internet, blogs d’amateurs, émissions de télévision, littératures, magazines... Tous ces supports sont là pour créer un imaginaire bien particulier sur un lieu précis qui doit à la fois faire rêver le touriste et en même temps être le témoin de la réalité attendue.

19On retrouve alors très bien ici « l’univers festif » dont parle Olivier Dehoorne (2011 : 2) avec la musique et l’alcool en continu (voir photographie 3). La notion d’authenticité (…) prend ici tout son sens : les touristes inventent leur propre réalité (Dimitrios Theodossopoulos, 2013). Leur quête d’authenticité doit (…) répondre à l’imaginaire qu’ils se sont créés avant leur départ. Ainsi, « les maracas et les Margarita peuvent être vus comme des éléments authentiques pour les touristes » (Malbos, 2018 : 20-21). Cette marchandisation de la culture décrite par Mimi Scheller (2003) dans les Caraïbes met ainsi en lumière les modes de consommation des touristes d’Amérique du Nord et d’Europe.

Photographie 2. Mise en scène de la culture Maya à l’intérieur du port Costa Maya

Photographie 2. Mise en scène de la culture Maya à l’intérieur du port Costa Maya

Source : Clara Malbos, février 2018

Photographie 3. Le beach club privé du port Costa Maya avant (janvier 2020) et pendant (mai 2020) la pandémie du COVID-19

Photographie 3. Le beach club privé du port Costa Maya avant (janvier 2020) et pendant (mai 2020) la pandémie du COVID-19

Source : Clara Malbos, janvier et mai 2020

20Les croisiéristes peuvent alors aussi bien passer la journée dans le port que se laisser tenter par les différentes activités qui leur sont proposées : plongée sous-marine, visite de temples ou encore balade en quad. Pour ceux qui choisissent la formule farniente, le malecon leur offre un spectacle de taille : langoustes à volonté et apnée dans les eaux turquoise.

21Comme on l’a évoqué précédemment, la majorité des personnes qui participent au à cette mise en scène de ce rêve caribéen font face à des réalités tout à fait différentes. Les comédiens déguisés en Mayas dans le port tout comme les serveurs ou les guides d’apnée sur le malecon sont rémunérés uniquement au pourboire ou aux commissions : ils dépendent entièrement de la venue ou non de ces croisiéristes. Ces travailleurs doivent sans cesse performer leur propre culture pour offrir l’expérience attendue par les croisiéristes : déguisement avec des maracas, des masques représentant la fête des morts ou encore des sombreros.

  • 3 En saison haute, on note un total de deux à quatre bateaux par jours, six jours par semaine. En sai (...)

22Ils ont, pour cela, seulement six mois, car en saison basse3 – de mai à octobre – les bateaux se font rares et donc, l’argent aussi. Entre janvier et avril 2018 et 2019, en saison haute, j’ai travaillé comme serveuse dans un restaurant du malecon. Le salaire fixe payé par mon employeur était de 200 pesos (7 €) journalier et en moyenne je touchais au moins la même somme en pourboire. Ces 400 pesos représentant donc environ un minimum de 15 € par jour. Les meilleures journées je pouvais gagner jusqu’à 50 €. En saison basse, mis à part les 200 pesos de salaire fixe journalier, les serveurs de ce restaurant peuvent toucher entre 0 et 200 pesos par jour pour les meilleures journées. On a donc une échelle qui est comprise entre 7 € à 15 € par jour en saison basse et entre 15 € à 50 € par jour en saison haute. Ces chiffres sont ceux d’un restaurant ayant une bonne réputation auprès des travailleurs ; d’autres lieux n’offrent aucun salaire fixe et les rémunérations sont alors uniquement basées sur le pourboire. Il existe ainsi, au sein du même métier, dans le même village, des inégalités salariales importantes. Dans ce restaurant, j’ai pu observer – sur une période de trois ans – que les employés étaient les mêmes en saison haute et en saison basse ; contrairement aux restaurants qui ne proposent pas un salaire de base, les employés changent à chaque saison. Une partie d’entre eux se voit donc dans l’obligation de retourner dans leurs villages d’origine en saison basse, car l’argent gagné ici ne suffit pas. Dans une entrevue réalisée en mai 2019 avec le directeur de l’école primaire, celui-ci m’indique que plus de 40% des élèves partaient en mai, avant la fin de l’année scolaire, car les parents avaient fini la saison et retournaient dans leurs villages.

23Cette industrie touristique se situe donc entre deux pôles opposés, mythe et réalité : le mythe d’un rêve caribéen et la réalité sociale des travailleurs du secteur tertiaire.

2. Les conséquences de la crise sanitaire : la mise en place d’une économie parallèle et la porosité des frontières

2.1. Le développement d’une économie locale comme alternative temporaire

  • 4 L’Organisation Mondiale du Tourisme
  • 5 https://www.unwto.org/fr/tourisme-covid-19

24Depuis le début de la crise du coronavirus, l’OMT4 a fortement alerté les voyageurs et les travailleurs du tourisme sur les conséquences de cette pandémie pour le secteur tertiaire. Dans un communiqué diffusé sur leur site, on peut lire : « Le secteur du tourisme est actuellement l’un des plus durement touchés par la flambée de COVID-19, avec des répercussions à la fois sur l’offre et sur la demande de voyages. Cela constitue un risque baissier supplémentaire dans le contexte d’une économie mondiale qui s’essouffle, de tensions géopolitiques, sociales et commerciales, et de résultats en demi-teinte dans les grands marchés émetteurs de voyages »5.

25Ces répercussions se font déjà ressentir dans le paisible village de la côte caribéenne mexicaine : avec l’arrêt des bateaux de croisière, l’économie locale est complètement transformée et les acteurs du tourisme mettent en place de nouvelles stratégies d’adaptation.

  • 6 Nom anglophone utilisé par les Mexicains. On remarque l’influence directe des États-Unis sur le pay (...)

26Ainsi, la majorité des restaurants ont fermé. En revanche, ceux qui sont restés ouverts offrent désormais des livraisons à domicile. Un food truck6 assez populaire a également changé d’emplacement de manière à se rapprocher des quartiers de Casitas et de la 55.

27Sur les réseaux sociaux de Mahahual, plusieurs messages – rédigés par les commerces locaux – incitent les habitants à consommer local (pour encourager l’économie du village). De plus une économie parallèle s’est mise en place : d’autres habitants publient des offres de repas pour livrer à domicile des tartes, tacos, sandwichs, falafels ou autres mets faciles à déplacer et à faire chez soi. J’ai pu reconnaître dans ces publications, des personnes qui travaillaient comme serveur ou comme guide de plongée sous-marine par exemple : de ce fait, certains travailleurs du secteur tertiaire se reconvertissent pour continuer d’avoir une rentrée d’argent.

28Ce n’est pas la première fois que le village doit faire face à l’arrêt des bateaux de croisière : en effet, l’ouragan Dean qui a sévi en 2007 a eu des conséquences économiques désastreuses. Klaus J.Meyer-Arendt écrit que « the greatest impact of all was destruction of two-thirds of the cruise ship pier » Klaus J.Meyer-Arendt, 2009 : 7). Il aura ainsi fallu plus d’un an – après que la catastrophe naturelle ait sévi – pour que les bateaux de croisière amarrent de nouveau. Selon les habitants présents à cette période (Malbos 2018, 2019), une grande partie des travailleurs sont partis de Mahahual pour retourner dans leurs régions d’origine. Pendant cette période de transition, de nouveaux édifices ont vu le jour : le gouvernement a par exemple mis en place l’actuel malecon et un nombre significatif d’hôtels et de restaurants a également été construit (Klaus J.Meyer-Arendt, 2009). L’ouragan Dean – qui a détruit de nombreux édifices – a ralenti l’économie en mettant sur pause l’arrivée des bateaux de croisière. En revanche, le village a su tirer les bénéfices de cet évènement en aménageant, par la suite, de nouvelles infrastructures touristiques.

29On peut alors supposer que d’autres solutions – pour pallier à la crise du coronavirus – seront prises afin de faire rebondir l’économie du village.

2.2. Tourisme et drogue, la porosité des frontières

30L’économie de l’État du Quintana Roo – qui comprend Mahahual, mais aussi Cancún, Cozumel, ou encore Playa del Carmen – repose donc essentiellement sur le tourisme. Le secteur tertiaire connaît également un développement du marché sous terrain non négligeable : trafique de drogues et prostitutions. Ces activités illégales occupent une place plus qu’importante dans l’industrie du tourisme de masse dans les Caraïbes et particulièrement dans la péninsule du Yucatan (Hiernaux, 2007).

31La station balnéaire de Mahahual est donc un lieu stratégique du commerce de la drogue dans les Caraïbes : chaque semaine, des bateaux arrivent sur les plages pour être déchargés et transportés dans d’autres régions. Avant le début de la crise, il m’avait été rapporté qu’un grand nombre de serveurs – payés uniquement au pourboire – vendaient également de la cocaïne. Ils la proposaient aux touristes – des bateaux de croisière, mais également à ceux ici pour quelques jours – et également dans les villages aux alentours. Un reportage de El Pais Internacional (Garcia, 2019) a confirmé les informations que j’ai pu récolter lors de mes enquêtes de terrain (Malbos, 2018, 2019) ; à savoir que Mahahual et XCalak (un village à 50 km au sud de Mahahual, frontalier avec le Belize) sont des points d’arrivée de la cocaïne ; la drogue arrive soit par bateaux ou bien par avion – dans l’aérogare à quelques kilomètres de la côte –.

  • 7 Ces informations m’ont été rapportées par différents habitants du village, quelques jours après la (...)

32Au-delà des ralentissements économiques – induits par la crise sanitaire du COVID-19 –, on remarque alors une « porosité des frontières avec un flux de voyageurs non contrôlé » (Philippe Douste-Blazy, 2014 : 1507). Le maire de Mahahual avait pris la décision de fermer l’entrée du village – aux touristes et à toute personne étrangère à la communauté – afin d’éviter tout risque de contamination. Cette création de frontière a eu des conséquences dramatiques. En effet, quelques jours après cette annonce, le maire a été tué par balle – par les cartels de drogues qui venaient récupérer leur marchandise – alors qu’il encadrait l’entrée de Mahahual. Il se trouvait sur la route, avec des gardiens. Les membres du cartel, motorisés, sont donc passés devant lui et n’ayant pas eu l’autorisation d’accéder au village ils ont réglé le problème en le tuant pour pouvoir entrer sans encombre7.

33On observe ici les conséquences indirectes du coronavirus. En voulant limiter la propagation des touristes et donc du virus dans son village, le maire a dû faire face à des problèmes tout aussi dévastateurs que cette crise, quoique très différents. Cet événement exemplifie bien les répercussions indirectes du coronavirus. Les frontières, qui sont créées dans un but bien particulier (le virus), sont ensuite détruites pour d’autres raisons (les cartels de drogues). Le contrôle de la propagation du virus sur son territoire aura donc coûté la vie au maire.

  • 8 Traduction : La plage du Crime

34De ce fait, tourisme et trafic de drogue sont intimement liés à Mahahual et plus largement au Mexique ; quand par exemple on entend des Mexicains se référer à la station balnéaire de Playa del Carmen comme étant Playa del Crimen8 – en raison de ces nombreux cartels de drogue – on comprend mieux comment cette ville touristique est assimilée aux trafiques de drogue.

35La fermeture des frontières de Mahahual – qui a pour objectif de minimiser la transmission du virus – a finalement révélé un commerce sous terrain qui, bien que connu de tous, opérait en discrétion et a été brusquement mis à jour avec l’arrêt des activités touristiques.

2.3. Le don en contexte de crise sanitaire : quand le prestige est la dernière alternative à la sauvegarde du tourisme

2.3.1. Le système du don décrit par Mauss

36Dans « Essai sur le Don », Marcel Mauss (1923-24) présente le don comme étant un fait social total qui régit les systèmes d’échange et les relations sociales et économiques d’un groupe. Le principe du don s’accompagne de trois obligations interdépendantes les unes des autres : donner – recevoir – rendre. Cette « théorie générale de l’obligation » (Mauss, 1923-24 : 17) nous permet de comprendre le procédé de diffusion de plusieurs objets souvent vus comme des cadeaux par les clans, les maisonnées ou bien les chefs (qui sont donneurs et/ou receveurs). Refuser de donner comme refuser de prendre reviendrait à refuser l’alliance ou la communication avec un groupe – ce qui pourrait avoir des conséquences graves comme le début d’une guerre.

37De plus, il est obligatoire de rendre plus que ce que l’on a reçu. Chez les Pygmées (Mauss, 1923-24) par exemple, Mauss explique qu’il est essentiel de surpasser la générosité de son don et qu’on va même jusqu’à observer certaines rivalités entre différents donneurs. Chez les Trobriand décrit par Malinowski (1922), le système d’échange de la Kula développe également une nouvelle notion essentielle : celle du prestige. Le fait de donner (en particulier dans certains contextes de cérémonies tels que le mariage) place le prestige au centre de l’échange et est même une des raisons principales de ce rituel.

38Ces différents exemples peuvent paraître bien loin de notre objet d’étude et de notre village touristique du Yucatan, mais en réalité ils ne le sont pas.

2.3.2. Le don comme nouveau système d’échange à Mahahual

39Ce système du don n’est pas isolé des systèmes sociaux et économiques des sociétés industrialisées : les habitants de Mahahual se trouvent dans une situation économique très critique ; un grand nombre d’entre eux a été congédié par leurs employeurs, car il n’y a plus de travail ; quant à ceux qui travaillaient à leur compte, ils se trouvent également sans emploi. On voit donc naître de nouvelles structures d’entre-aide et de solidarité qui mettent en application le système du don décrit par Mauss en 1923-1924. Voici un extrait de mon carnet de terrain du 26 mars 2020 :

« Le centre communautaire du village organise en ce moment des collectes de nourriture (voir photographie 4) pour aider les personnes en difficulté. On observe sur la page Facebook du centre communautaire des photos des dons avec les donneurs et les receveurs de nourriture. Tous ces échanges sont ritualisés de manière bien spécifique. Chaque donneur inscrit son nom sur un registre et chaque famille receveuse inscrit le sien. Chaque membre qui donne de la nourriture pourra voir, par la suite, sa photo exhibée fièrement sur toutes les pages Facebook de Mahahual. Ces actes altruistes confèrent alors aux donneurs du prestige (grâce à leur générosité). Finalement ce ne sont pas les receveurs de nourriture qui vont rendre directement, mais plutôt le centre communautaire qui se charge, en échange de ces dons, de publier les photos des donneurs afin de montrer leur générosité à toute la communauté. La majorité des donneurs semblent être des étrangers vivant à Mahahual et tous les bénéficiaires des Mexicains » (Extrait du carnet de terrain de Clara Malbos du 26 mars 2020, fait à Mahahual, Mexique).

Photographie 4. Les réserves de donations de nourriture au centre communautaire de Mahahual, Mexique

Photographie 4. Les réserves de donations de nourriture au centre communautaire de Mahahual, Mexique

Source : Clara Malbos, avril 2020

  • 9 Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat du participant.

40Je précise également, le 28 juin 2020 dans ce même carnet : « Les donneurs sont majoritairement des gringos comme on appelle ici les États-Uniens. En effet, c’est un des membres de la communauté états-unienne de Mahahual qui a commencé à récolter des fonds pour le centre communautaire. À la suite d’une entrevue téléphonique, j’apprends que Luc9 a une maison au nord de Mahahual – où il y vit avec son épouse 4 à 6 mois à l’année –. Il joue de la musique dans différents lieux touristiques du village ; ainsi au fil des années il s’est créé tout un réseau de contacts de locaux et de touristes. C’est à ce réseau qu’il a fait appel pour démarrer sa campagne de dons. Ces donateurs sont donc majoritairement des États-Uniens ou Canadiens, mais il a également reçu des dons de quelques Mexicains, d’Européens ou même d’Australiens. Ces donneurs sont soit des touristes qui – selon Luc – ont un attachement particulier à Mahahual et chérissent ce village, où alors, des amis, familles ou connaissances Facebook qui ont entendu parler de la station balnéaire. Au cours des trois derniers mois (d’avril à juin 2020), Luc aura soulevé presque 25 000 dollars distribués en nourriture (voir photographie 4) au centre communautaire (ce qui correspond à 120 sacs de nourriture et 300 repas par semaine pendant 3 mois) » (Extrait du carnet de terrain de Clara Malbos du 28 juin 2020, fait à Mahahual, Mexique).

  • 10 Traduction de l’affiche : « Appel à donations ! La Maison de Culture à Mahahual au Mexique accepte (...)

Photographie 5 – Affiche publiée et actualisée sur les différentes pages Facebook soutenant les donations10

Photographie 5 – Affiche publiée et actualisée sur les différentes pages Facebook soutenant les donations10

Source : page Facebook du centre communautaire, mai 2020

41Il est important ici d’envisager le don comme facteur dépendant de la lutte contre la crise sociale du coronavirus. Comme le précise Catherine Dessinges, l’émotion tient un rôle important et doit être pensée « comme dimension constitutive du don, voir comme condition nécessaire à sa réalisation et à celle de la communauté formée par les donateurs » (Dessinges, 2008 : 303). Mais comment susciter l’émotion ? Et bien justement grâce aux publications Facebook qui mettent en scène ces échanges et qui font transparaître générosité, bienveillance et altruisme : on y observe des familles – aux grands sourires – exhibant des sacs remplis de denrées. Le don est alors créateur de lien social, il transforme les relations humaines. Dans La part Maudite (1949), George Bataille explique bien que le don ne prend sa véritable signification que lorsqu’il est effectué en public, face à un autre. On note une fois de plus la symbolique des publications Facebook du centre communautaire. Finalement, « donner, c’est avant tout créer, rituellement et symboliquement un type particulier de relation à autrui : le don vise à la reproduction sociologique, à l’établissement et au rétablissement du rapport social. La symétrie de la relation n’est donc plus ce qui prime ; le fait fondamental est que le lien importe plus que le bien » (Catherine Dessinges, 2008 : 306).

42En plus de ce que Luc a récolté, d’autres établissements touristiques ont participé à ces dons et peuvent, pendant le confinement, partager sur leurs réseaux sociaux (en anglais uniquement) les photos des dons qu’ils ont faits et ainsi continuer à faire vivre leurs réseaux : ils montrent à leurs ancienne et future clientèles – presque qu’anglophone – leur implication dans la communauté. C’est finalement à ce moment précis que le receveur rend de manière indirecte à son donneur. C’est grâce à lui que le donneur peut faire preuve de solidarité en attendant l’arrivée incertaine des prochains touristes. Ces dons sont une manière pour ces entreprises touristiques de rester actives et de donner envie à leurs futurs clients de venir prochainement visiter leur commerce. On assiste donc ici à la fabrication du prestige pour les donneurs et par l’intermédiaire des receveurs ; ces propriétaires d’établissements touristiques ayant une clientèle majoritairement d’Amérique du Nord.

43Ces différents éléments d’analyse nous permettent alors de parler d’une réelle stratégie du don. Elle est développée actuellement par les leaders touristiques qui ont dû mettre sur pause leur activité.

44En outre, cette asymétrie entre donneurs et receveurs vient créer un déséquilibre entre les deux parties : les donneurs étrangers aux revenus confortables d’un côté, et de l’autre côté les receveurs mexicains ayant perdu leur emploi récemment. Le don est ce par quoi on obtient un pouvoir : le prestige. Si le receveur n’est donc pas capable de rendre directement, le donneur crée un rapport de force par le fait même de donner. Cette économie morale (Didier Fassin, 2009) correspond donc à un système de normes et d’obligations qui met le receveur en position de dominé s’il se trouve dans l’incapacité de rendre. On pourrait parler ici de domination systémique en ce sens où sous couvert de vouloir aider, les donneurs reproduisent un schéma ancré dans des normes post-coloniales où les occidentaux viennent au secours des populations colonisées, les privant totalement de leur agentivité, de leur capacité d’agir (Bauman, 1993). Ce comportement du « White Savior » (Bex et Craps 2016) est récurent dans divers contextes d’entre-aide et particulièrement au sein d’organismes caritatifs et humanitaires.

Conclusion

45Mahahual ; cette station balnéaire de la côte caribéenne du Mexique, devenue village fantôme – suite à l’arrêt des activités touristiques dû au COVID-19 – fait face à de nouveaux défis. Les travailleurs du secteur tertiaire et les propriétaires d’établissements touristiques sont les premiers touchés par les répercussions de cette pandémie. L’économie du village reposant sur le tourisme (de croisière et de séjours), ils payent les frais de cette crise sanitaire, économique et sociale.

  • 11 https://www.unwto.org/fr/tourisme-covid-19

46Un communiqué de l’OMT précise « l’importance du dialogue et de la coopération internationale. Le défi de la COVID-19 étant aussi l’occasion de montrer que la solidarité peut s’exprimer par-delà les frontières. Le secteur du tourisme, plus que toute autre activité économique à impact social, repose sur l’interaction entre les gens »11. Néanmoins, si la solidarité s’exprime « par-delà les frontières », cette pandémie, quant à elle, est bien créatrice de frontières (Bourdelais, 2008) : frontières spatiales (comme nous le voyons avec la fermeture de Mahahual entraînant des actes de violence), mais également frontières sociales.

  • 12 https://www.unwto.org/fr/tourisme-covid-19

47Il est encore tôt pour estimer toutes les répercussions de l’arrêt du tourisme sur cette station balnéaire. En revanche, à une échelle plus globale, l’OMT précise bien que « le tourisme est actuellement l’un des secteurs les plus touchés. L’OMT a revu ses prévisions d’arrivées internationales et de recettes pour 2020, tout en tenant à signaler que les prévisions, quelles qu’elles soient, sont susceptibles d’être révisées ultérieurement ».12

48Une macro-analyse de cette situation de « non-tourisme » nous donne donc des renseignements sur l’état global de la mise en suspension du tourisme de masse dans les Caraïbes, et en particulier dans les zones qui reçoivent des bateaux de croisière. Le secteur tertiaire doit alors se réinventer, mettre en place une nouvelle économie, plus locale et plus adaptée au contexte de cette crise sanitaire et économique. Travailleurs et propriétaires cohabitent ensemble, ceux qui ont la force de travail et ceux qui ont les moyens de production (Marx, 1867) doivent finalement s’unir : communauté américaine, travailleurs du centre communautaire, serveurs, anciens chauffeurs de taxi ou propriétaire d’hôtels et de restaurants. On observe alors des élans de solidarité et des rapports de domination au sein du même espace et de la même communauté.

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Bibliographie

Bauman, Z. (1993) Postmodern Ethnics, Oxford, Blackwell Publishing.

Bex, S. et Craps, S. (2016). « Humanitarianism, Testimony, and the White Savior Industrial Complex: What Is the What versus Kony 2012 ». Revue Cultural Critique, 92, DOI :

<10.5749/culturalcritique.92.2016.0032>

Bourdelais, P. (2008). « L’épidémie créatrice de frontière », Revue Les Cahiers du Centre de Recherche Historiques, 42, URL : <http://journals.openedition.org/ccrh/3440>

Dandurand, G. (1998). « La Part maudite, de Georges Bataille. Pour une lecture du paradoxe », Revue Littérature, 111, URL : <https://doi.org/10.3406/litt.1998.2485>

Dehoorne, O. et Petit-Charles N. (2011). « Tourisme de croisière et industrie de la croisière », Revue Études caribéennes, 18, URL : <https://etudescaribeennes.revues.org/5623

Dessinges, C. (2008). « Émotion, collectif et lien social : vers une approche sociologique du don humanitaire », Revue du MAUSS, 32, URL : <https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2008-2-page-303.htm>

Douste-Blazy, P. (2014). « Solidarité mondiale ou guerre mondiale ? » Bulletin de l’académie nationale de médecin, 198(8) : 1505-1514.

Duret P., Cubizolles S., Thiann-Bo Morel M. (2003). « La crise sanitaire du chikungunya : une épreuve de recomposition des rapports sociaux à La Réunion », Revue Sociologie, 4, URL : <https://www.cairn.info/revue-sociologie-2013-3-page-317.htm>

Fassin, D. (2009). « Les économies morales revisitées », Revue Annales. Histoire, Science Sociales, 64, URL : <https://www.cairn.inforevue-annales-2009-6-page-1237.htm>

Garcia, J. (2019). El Caribe turbio, Frontera Sur, El Pais Internacional, URL : <https://elpais.com/internacional/2019/06/18/actualidad/1560851881_870643.html>

Hiernaux, D. (2007). « Tourisme au Mexique : modèle de masse, de l’étatisme au marché », Revue Alternative Sud, n° 3, Points de vue du Sud, Centre Tricontinental, URL : <http://www.risal.info/spip.php?article2071>

Hernández, M-L. (2014). Evaluación del riesgo y vulnerabilidad ante la amenaza de huracanes en zonas costeras del Caribe Mexicano: Chetumal y Mahahual, Tesis doctoral, Universidad de Quintana Roo, Chetumal, Quintana Roo, México.

Malbos, C. (2018). La perception sociale de l’environnement dans un village de la péninsule du Yucatan ; Mahahual, entre pêche et tourisme, Paris, Université de Paris Descartes.

Malbos, C. (2019). Participation citoyenne et protection de l’environnement : regards croisés dans un village de la péninsule du Yucatan, Paris, Université de Paris Descartes.

Malinowski, B. (1922). Les argonautes du pacifique occidental, Paris, Gallimard, nrf.

Marx, K. (1867) Le Capital. Critique de l’économie politique, Chapitre 6 et 7, Hambourg, Verlag von Otto Meisner.

Mauss, M. (1923-1924). Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, Paris, Les presses universitaires de France, Bibliothèque de sociologie contemporaine.

Meyer-Arendt, K.J. (2009). « The Costa Maya: Evolution of a Touristic Landscape », Revue, Études caribéennes, 13-14, URL : <http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/3867>

Thedossopoulos, D. (2013). Embera Indigenous Tourism and the Trap of Authenticity, Kent, University of Kent.

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Notes

1 «Costa Maya, Quintana Roo, Mexique, le samedi 14 mars 2020.-
Nous avons reçu une notification officielle des navigations internationales principales sur la décision de suspendre les voyages des bateaux de croisière pour les 30 prochains jours (…). Cette mesure préventive a été prise pour sauvegarder l’intégrité des voyageurs, des collaborateurs et des communautés locales de chaque destination».

2 Ce résultat a été obtenu grâce à un questionnaire qui a été réalisé en mars 2018 auprès de 58 visiteurs : on note alors qu’il y a 63% de croisiéristes, 29% de touristes logeant dans un hôtel du village pour une durée comprise entre 2 et 15 jours, 4% d’entre eux sont là pour une durée comprise entre 15 jours et 6 mois et finalement 4% souhaitent acheter une maison secondaire.

3 En saison haute, on note un total de deux à quatre bateaux par jours, six jours par semaine. En saison basse on observe un total de quatre à cinq bateaux par semaine.

4 L’Organisation Mondiale du Tourisme

5 https://www.unwto.org/fr/tourisme-covid-19

6 Nom anglophone utilisé par les Mexicains. On remarque l’influence directe des États-Unis sur le pays ; un nombre important de mots est tiré directement du vocabulaire anglais.

7 Ces informations m’ont été rapportées par différents habitants du village, quelques jours après la mort du maire.

8 Traduction : La plage du Crime

9 Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat du participant.

10 Traduction de l’affiche : « Appel à donations ! La Maison de Culture à Mahahual au Mexique accepte des donations de nourritures pour fournir de l’aide aux familles locales dans le besoin. Cet organisme local à l’habitude d’aider ceux qui en ont le plus besoin. Lisez en dessous pour plus d’informations, mais s’il vous plaît, donnez des denrées locales ou votre support financier. Nous achetons le nécessaire et travaillons avec la Maison de la culture pour nourrir ceux qui ont faim dans le village. Au nom de la Maison de la Culture, nous acceptons également un support financier en plus des “sacs de courses” qui contiennent du riz, des haricots, de la farine, du sucre, de l’avoine, des conserves, de l’huile, du savon, et des produits ménagers. Les donations seront utilisées pour acheter ces produits locaux. Compte Paypal pour verser de l’argent/Adresse pour aller déposer de la nourriture/1 sac de course = 250 pesos ou 10 dollars »

11 https://www.unwto.org/fr/tourisme-covid-19

12 https://www.unwto.org/fr/tourisme-covid-19

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Localisation géographique de Mahahual (Mexique)
Crédits Source : Maria Luisa Hernandez Aguilar (2014)
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/19708/img-1.png
Fichier image/png, 341k
Titre Figure 2. Plan de Mahahual avec les différents quartiers et le trajet des croisiéristes du port Costa Maya jusqu’au bord de mer
Crédits Source : issu de Google map et modifié par la suite.
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/19708/img-2.png
Fichier image/png, 281k
Titre Photographie 1. Vue d’une rue du quartier de la 55 à Mahahual
Crédits Source : Isabelle Falardeau, mai 2019
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/19708/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 140k
Titre Photographie 2. Mise en scène de la culture Maya à l’intérieur du port Costa Maya
Crédits Source : Clara Malbos, février 2018
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/19708/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 3,3M
Titre Photographie 3. Le beach club privé du port Costa Maya avant (janvier 2020) et pendant (mai 2020) la pandémie du COVID-19
Crédits Source : Clara Malbos, janvier et mai 2020
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/19708/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 596k
Titre Photographie 4. Les réserves de donations de nourriture au centre communautaire de Mahahual, Mexique
Crédits Source : Clara Malbos, avril 2020
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/19708/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 212k
Titre Photographie 5 – Affiche publiée et actualisée sur les différentes pages Facebook soutenant les donations10
Crédits Source : page Facebook du centre communautaire, mai 2020
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/19708/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 160k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Clara Malbos, « Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire du coronavirus : Mahahual (Mexique), un village fantôme de la côte caribéenne »Études caribéennes [En ligne], 47 | Décembre 2020, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/19708 ; DOI : https://doi.org/10.4000/etudescaribeennes.19708

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Auteur

Clara Malbos

Doctorante contractuelle en anthropologie, Laboratoire du CESSMA, Université de Paris, claramalbos01@gmail.com

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