PE.342
Prévalence du COVID-19 et des poussées inflammatoires chez les patients atteints de maladie auto-immunes systémiques rares : enquête systématique téléphonique et sérologique dans un centre national de référence

https://doi.org/10.1016/j.rhum.2020.10.524Get rights and content

Introduction

Des recommandations pour les patients atteints de maladies auto-immunes (MAI) ont été émises face à la pandémie à COVID-19. Toutefois, l’impact d’une infection à SARS-CoV2 sur une MAI et sa prise en charge est mal connu. L’objectif de notre étude était d’évaluer la prévalence et les facteurs prédictifs d’infection à SARS-CoV2 ainsi que le risque de poussée inflammatoire chez les patients atteints de MAI et systémique rares (MAISR).

Patients et méthodes

Les patients présentant une MAISR (lupus, Sjögren, myosites inflammatoires, sclérodermie systémique, vascularites et autres connectivites) et suivis dans notre Centre national de référence ont été contactés par téléphone (3 appels en l’absence de réponse) et invités à répondre à un questionnaire standardisé évaluant : les facteurs de risque d’exposition et de sévérité au SARS-CoV2, la prévalence des symptômes évocateurs, la documentation de l’infection ainsi que les informations concernant la MAISR, son traitement et une éventuelle poussée de celle-ci. Chaque participant recevait une ordonnance pour réaliser une sérologie SARS-CoV2. L’enquête téléphonique a eu lieu entre le 9 avril et le 2 juillet 2020. Celle de séroprévalence entre le 18 mai et le 2 juillet 2020.

Résultats

Au total, 1232 patients ont été contactés. Parmi eux, 7 n’ont pas pu être joints (5 décès antérieurs au COVID et 2 déménagements à l’étranger) et 171 ont été exclus (58 absences de consentement, 110 présentant une autre maladie, 3 non suivis dans notre centre). Un total de 1054 patients a été analysé avec des données sérologiques pour 469 (44,5 %). Il s’agissait de 840 femmes (79,6 %) d’âge médian 53 ans ([IQR25–75] 38–65) et suivis pour lupus (n = 205, 19,5 %), syndrome de Sjögren (n = 189, 17,9 %), sclérodermie systémique (n = 159, 15,1 %), myopathies inflammatoires (n = 113, 10,7 %), arthrite juvénile idiopathique (n = 110, 10,4 %), vascularites (n = 94, 8,9 %) et d’autres MAISR (n = 184, 17,5 %). Au total 201 patients (19,1 %) ont rapporté des symptômes évocateurs de SARS-CoV2 mais seuls 40 sur les 495 disposant de données de RT-PCR, scanographiques ou sérologiques avaient une infection prouvée (8,1 %) : par RT-PCR (n = 14), TDM pulmonaire (n = 6) ou sérologie (n = 31). Parmi eux, seulement 3 patients avaient consulté aux urgences et 3 avaient été hospitalisés dont 1 en réanimation. Parmi les 146 patients rapportant des symptômes évoquant un COVID-19 et dont les résultats de PCR, TDM et/ou sérologie étaient disponibles, seuls 34 (23,3 %) avaient une infection confirmée. L’arrêt de travail préventif (ATP) n’était pas statistiquement protecteur de l’infection à SARS-CoV2 (5,8 % si ATP vs 8,1 %, p = 0,78). L’infection à SARS-CoV2 était statistiquement associée à la modification du traitement de fond de la MAISR (27,5 % de modifications en cas de COVID confirmé vs 6,8 % p < 0,0001). Chez ceux présentant une infection confirmée, les poussées de MAISR étaient également plus fréquentes (32,5 % contre 12,7 %, p < 0,001) et les patients ayant modifié leurs immunosuppresseurs présentaient une plus grande prévalence de poussée de leur MAISR (48 % vs 13,4 %, p < 0,0001).

Conclusion

Cette enquête systématique chez plus de 1000 patients atteints de maladie auto-immune systémique rare rapporte une faible prévalence d’infection prouvée à SARS-CoV2 (8,1 %), probablement en rapport avec une bonne observance des mesures prophylactiques chez ces patients. L’interruption des traitements immunosuppresseurs s’accompagne d’un sur-risque important de poussée justifiant les recommandations actuelles.

Section snippets

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

References (0)

Cited by (0)

View full text