Pseudo-engelures de l’enfant et SARS-CoV-2 : quel lien ?

Introduction

L’augmentation des manifestations cutanées acrales pendant l’épidémie de SARS-CoV-2 interroge. Notre objectif était d’analyser un éventuel lien au travers de 3 tests biologiques diagnostiques SARS-CoV-2.

Matériel et méthodes

Du 08/04 au 03/06/2020 ont été inclus les enfants adressés en consultation de dermatologie pédiatrique pour des manifestations cutanées aiguës, inhabituelles chez le patient, et associées à des symptômes évocateurs de COVID-19 : signes systémiques chez l’enfant et/ou chez un parent au 1^er degré, pendant le pic épidémique de SARS-CoV-2.

Résultats

Trente patients et 37 apparentés symptomatiques au 1^er degré étaient inclus. Dix-sept patients présentaient des lésions de pseudo-engelures, survenant après des manifestations systémiques (60 %, délai moyen : 22 j). Une rémission complète était notée chez 11/17 patients dans les 10 à 50 jours. Les autres manifestations cutanées observées étaient des lésions à type de : urticaire parfois linéaire, exanthème maculo-papuleux (EMP), livédo. Parmi les 37 apparentés, des manifestations cutanées étaient observées au cours de la même période : pseudo-engelures (n = 3 ; 37 %), EMP (n = 3 ; 37 %), urticaires (n = 3 ; 37 %). Un syndrome inflammatoire était présent chez 11/30 enfants (37 %) dont 8/17 avec pseudo-engelures (47 %) : élévation de CRP et/ou élévation des concentrations de cytokines inflammatoires. Parmi les 17 patients avec pseudo-engelures, 8 avaient des concentrations sériques d’IL-1, IL-6, TNF-α ou IFN de type 1 augmentées, et ce parfois plusieurs semaines après les manifestations systémiques. Les 3 PCR nasales réalisées chez les patients symptomatiques (fièvre ou toux) étaient négatives. Parmi les 16/17 patients avec pseudo-engelures prélevés, un seul avait une sérologie SARS-CoV-2 positive (IgG, technique Abbott ARCHITECT®). Des explorations immunologiques complémentaires témoignant d’un contact direct avec le virus (dont ELISPOT®) sont en cours de vérification de résultats.

Discussion

Tous les patients, sauf un, avaient des tests négatifs pour le SARS-CoV-2. L’élévation persistante d’IL-1 et de la CRP pourrait refléter une réaction immunologique post-virale intense. Malgré l’absence de détection du SARS-CoV-2, les données épidémiologiques, les manifestations cliniques évocatrices et l’élévation des cytokines chez nos patients suggèrent un lien entre ce virus et les manifestations cutanées motivant la poursuite des explorations immunologiques.