CO088
Évolution clinique et facteurs de risque de développer une forme grave de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) chez les patients atteints de lupus systémique

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2021.03.249Get rights and content

Introduction

L’épidémie actuelle de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) peut toucher tous les patients atteints de maladies auto-immunes et systémiques. Les patients souffrant d’un lupus systémique (LS) ont des facteurs de risque de développer des formes sévères de COVID-19 en raison des comorbidités fréquemment associées au LS (insuffisance rénale chronique, syndrome métabolique notamment) et des traitements corticoïdes et immunosuppresseurs. Jusqu’à présent, l’analyse des facteurs de risque de développer une COVID-19 sévère au cours du LS a été biaisée par le mode de recrutement des patients, puisque seuls les malades les plus symptomatiques ont été inclus dans les études. Nous avons réalisé une étude observationnelle de la COVID-19 chez les patients suivis pour un LS en incluant les malades asymptomatiques ou paucisymptomatiques dans le but d’analyser les facteurs associés à une forme grave de cette maladie.

Matériels et méthodes

Les cas étaient recrutés de 3 façons différentes : déclarations spontanées au niveau local et au niveau national par les malades ou les médecins concernés ; déclaration à la cohorte french RMD COVID-19 (étude ancillaire organisée sous l’égide de la filière FAI2R) et dépistage par sérologie SARS-CoV-2 des malades avec lupus vus en consultation. Pour être inclus, les patients devaient remplir les critères de classification de lupus systémique de 1997 de l’ACR et/ou les critères actualisés de 2019 de l’EULAR/ACR et devaient avoir une infection à SARS-CoV-2 prouvée biologiquement par RT-PCR naso-pharyngée ou par sérologie sanguine. Les malades asymptomatiques ou paucisymptomatiques étaient recrutés au cours des consultations de suivi habituelles du LS.

Résultats

109 patients (dont 89 % de femmes) ont été inclus entre le 1er mars 2020 et le 31 décembre 2020. L’âge médian (Q1, Q3) des cas était de 40 ans (33-56). Le score médian de séquelle (SLICC damage index) était de 0 (0-2). Les principales comorbidités étaient le surpoids (22 %), l’obésité (25 %), l’hypertension artérielle (22 %) et une maladie rénale chronique (21 %). 7 % étaient fumeurs actifs. 42 % avaient un antécédent de néphropathie lupique. 87 % étaient traités par hydroxychloroquine (HCQ), 63 % par corticoïde à la posologie moyenne de 8 mg/j (IC 95 % [6 ; 10]) et 34 % par immunosuppresseur. Au moment de l’infection, 26 % rapportaient des signes d’activité clinique du LS, 51 % avaient une élévation des anticorps anti ADN double brin et 19 % une baisse du C3. Lors de la survenue de la COVID-19, L’HCQ, le corticoïde et l’immunosuppresseur étaient maintenus respectivement dans 92 %, 93 % et 79 % des cas. 9 patients (8 %) ont eu une infection asymptomatique par le SARS-CoV-2. La COVID-19 s’est manifestée pour 40 patients (40 %) par une simple infection des voies aériennes supérieures, pour 31 (29 %) par une bronchite et pour 32 (30 %) par une pneumonie. 29 patients (26 %) ont été hospitalisés, 22 (21 %) ont nécessité une oxygénothérapie, 12 (12 %) ont été transférés en unité de soins intensifs (USI), 9 (8 %) ont développé un syndrome de détresse respiratoire aiguë et 4 (4 %) sont décédés. En analyses multivariées par régression logistique, les deux seuls facteurs associés au recours à une oxygénothérapie étaient l’âge (p = 0,047) et l’obésité (p = 0,02). Le seul facteur associé à une admission en USI était l’âge (p = 0,01). Les corticoïdes, les immunosuppresseurs et l’antécédent de néphropathie lupique n’étaient pas indépendamment associés au risque de développer une forme nécessitant le recours à l’oxygénothérapie ou une hospitalisation en USI.

Conclusion

La consultation médicale de surveillance au cours du LS a permis d’inclure un grand nombre de malade paucisymptomatique ou asymptomatique habituellement non étudiés dans ce type de travail. Cette série fournit des éléments rassurants quant aux facteurs de risque propres au LS de développer une forme grave de COVID-19. Ces facteurs de risque ne semblent en effet pas différents de ceux de la population générale, à savoir l’âge et l’obésité. Une maladie rénale chronique, une néphropathie lupique, un traitement par corticoïde et immunosuppresseur ne sont pas, dans cette cohorte, des facteurs indépendamment associés à une forme sévère de la maladie.

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