CA053
Rhabdomyolyse au cours de l’infection par COVID-19

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2022.03.056Get rights and content

Introduction

La COVID-19 est une maladie systémique qui se présente avec une pléthore de manifestations dont la fièvre, la toux et les maux de gorge qui ont été les symptômes les plus rapportés associés à la maladie. Il apparaît désormais que l’appareil locomoteur n’est pas non plus épargné avec des manifestations musculo-squelettiques allant d’une légère élévation de la créatine kinase (CPK) avec une faiblesse légère ou nulle à une rhabdomyolyse sévère.

Observation

Nous rapportons l’observation d’une patiente âgée de 26 ans atteinte d’une infection à Sars-Cov-2 compliquée d’une rhabdomyolyse. La patiente a présenté un syndrome fébrile avec une pharyngite justifiant la réalisation d’un test antigénique Covid-19 revenu négatif. Une semaine plus tard, alors que ses symptômes s’améliorent, elle rapporte des myalgies des quatre membres avec une faiblesse motrice prédominant à la ceinture scapulaire d’aggravation progressive. La patiente est admise au SAU. Ses antécédents sont marqués par une dermatite atopique et une rhinite allergique. Elle est vaccinée (2 doses) contre le Sars-Cov-2 depuis plus de 6 mois. L’examen neurologique objectif un déficit coté à 4/5 aux membres inférieurs et 3/5 aux membres supérieurs, sans déficit sensitif et sans anomalies des réflexes. Elle ne présente pas d’exanthème ni d’arthralgies, ni de dysphagie. Le bilan montre un taux de CPK à 22 502 UI/L, un ionogramme normal, une cytolyse hépatique ASAT à 599 UI/L et ALAT à 730 UI/L, une CRP à 3 mg/L, une VS à 13 mm, une hyperleucocytose à 11 900/μL, une lymphopénie à 700/μL. La bandelette urinaire est en faveur d’une myoglobinurie. Le sédiment urinaire est normal. L’ECG est sans anomalies. La patiente est mise sous prednisone à 60 mg/j et hyperhydratation. L’aggravation de la créatinine sérique passant de 5 mg/L à 22 mg/L fait démarrer en urgence un bolus de 1 g de méthylprednisolone pendant 03 jours avec relai par la prednisone à 60 mg/j. Les anticorps anti-nucléaires sont négatifs. La sérologie COVID-19 réalisée montre les IgM anti Sars-Cov-2 à 96,73 U/L et les IgG négatives signant une infection récente. L’évolution est favorable en 15 jours avec disparition du déficit moteur, de la cytolyse et normalisation des CPK permettant d’entamer la dégression des corticoïdes et leur arrêt.

Discussion

En juillet 2020, une première observation de myosite liée au Sars-Cov-2 a été rapportée dans la littérature. Depuis, près de 23 patients ont présenté une myosite attribuable au COVID-19[1]. L’atteinte musculaire peut varier d’une élévation asymptomatique de la CK à une rhabdomyolyse sévère [2].

Le SARS-CoV-2 a été isolé de plusieurs organes et soulève la possibilité que le virus infecte les muscles striés et entraîne potentiellement une dégradation musculaire. Une autre hypothèse est que les lésions musculaires squelettiques pourraient être causées par la réponse immunitaire de type « tempête de cytokines » de l’hôte [3]

Conclusion

L’infection par le SRAS-CoV-2 présente un large éventail de manifestations cliniques secondaires à l’atteinte de différents organes. Le spectre des dommages du COVID-19 est toujours un sujet en évolution, et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour révéler les mécanismes exacts par lesquels le SRAS-CoV-2 conduit à la rhabdomyolyse qui reste une manifestation clinique atypique. Étant donné que les myalgies peuvent être un symptôme précoce de la rhabdomyolyse, celle-ci doit être suspectée chez les patients qui présentent des myalgies sévères. Les cliniciens doivent être conscients de cette présentation rare de la COVID-19.

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